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Lecture et écriture

21. January 2022

Des apprentissages qui se nourrissent mutuellement

Des recherches ont montré que la lecture et l’écriture des mots sont étroitement liées, surtout en tout début d’apprentissage. Cette relation entre lecture et écriture fonctionne dans les deux sens : l’apprentissage de l’écriture nourrit celui de la lecture et réciproquement. Si ce lien entre les deux activités est très exploité dans le secondaire (après avoir lu un texte ou un chapitre de roman, l’élève va répondre à des questions, écrire à la manière de, imaginer la suite, etc.)  il est - ou a été - parfois oublié dans les petites classes. Funeste erreur d’après de nombreux experts de l’apprentissage de l’écriture ! 

De l’écriture vers la lecture : un lien évident

Des recherches ont montré, du CP au CM2, que plus les élèves écrivent, mieux ils lisent. Plus tard, la compréhension en lecture est améliorée lorsque les élèves écrivent à propos de ce qu’ils lisent : rédaction étendue, résumé, prise de notes, élaboration de questions ou réponses.

Cependant, cette relation est avant tout marquée sur les apprentissages « techniques » de la lecture et de l’écriture. Ainsi, par exemple, il existe un lien fort entre l’apprentissage de la lecture des mots et l’orthographe. En écrivant, l’élève assimile également des concepts syntaxiques du langage écrit : le sens de la lecture (de gauche à droite en français), l’espacement des mots, la ponctuation à la fin des phrases, l’utilisation d’une lettre majuscule au début d’une phrase... Et puis, écrire ce n’est pas dessiner des lettres : on sait combien mettre du sens sur les mots que l’on écrit est important. Ainsi, lors d’une interview, la graphopédagogue Isabelle Godefroy regrettait qu’on apprenne à l’enfant à écrire son prénom avant de savoir LE LIRE… (vous pourrez retrouver très prochainement son interview en vidéo sur le blog de L’Atelier STABILO).

Il fut une époque où l’on apprenait d’abord à lire, puis à écrire. Or lire et écrire ne sont pas des compétences indépendantes car toutes deux participent à la mémorisation des mots dans le lexique orthographique. 

Mais une petite quadrature du cercle 

Pourtant dans la programmation, ce n’est pas si simple... Partant du fait que :

  1. Il faut toujours aller du simple vers le complexe.
  2. Il ne faut demander à un élève de faire que ce qu'on lui a appris à faire.
  3. C'est en écrivant qu'on apprend le mieux à lire.
  4. On ne doit écrire que ce qu'on peut lire.

« Ainsi, pour apprendre véritablement un son, l'encodage kinesthésique (le fait d’utiliser sa main) est essentiel, et c'est en traçant la lettre (ou les lettres) du son en écriture cursive, d'un seul geste, que l'enfant pourra véritablement s'approprier le système alphabétique. De même, la mémorisation de l'orthographe des mots passe par leur écriture en cursive. On doit donc annoncer aux enfants clairement "on n'a pas encore appris à écrire le ..., alors, en attendant, on va faire de telle manière". »1 

Écrire c’est produire du sens ; lire c’est restituer du sens2

Voilà qui résume bien l’essentiel (c’est le cas de le dire) : donner du sens. La question de la compréhension apparaît comme évidente suite (là encore) à de nombreuses études3. Il n’en a pas été de même pendant de longues années. Comprendre ce qu’on lit, comprendre ce qu’on écrit. S’il est indispensable d’apprendre à copier la lettre, aujourd’hui on évite de faire copier le mot s’il est vide de sens. 

Qu’il est difficile d’écrire

Comme on peut le lire dans l’article du CNESCO4 :
« La production écrite est une activité complexe. Elle demande à un individu d’être en capacité de mettre en œuvre, simultanément, plusieurs composantes et connaissances. Ainsi, tant que le geste d’écriture n’est pas automatisé, il est plus difficile de se concentrer sur les autres aspects : par exemple, un adulte droitier qui fait une dictée de la main gauche risque de commettre plus d’erreurs. Pour des raisons similaires, quand un élève doit rédiger un texte complexe, il aura tendance à porter moins d’attention à l’orthographe. Pour faire face à cette complexité de l’écriture, l’enseignement doit développer une progressivité des apprentissages. Toutes les composantes sont importantes, il ne s’agit pas de maîtriser totalement l’une d’entre elles avant de passer à la suivante, mais plutôt de les travailler simultanément.

Pour être capable de produire des textes par écrit, les enfants doivent apprendre à contrôler leur geste d’écriture, c’est-à-dire des mouvements fins de la main et du poignet qui permettent de guider le stylo sur la feuille. Ainsi, dans sa première phase d’apprentissage, l’écriture relève davantage de l’étude du mouvement que de celle du langage. Cet apprentissage est d’autant plus important que les recherches montrent que les élèves qui ne maîtrisent pas la graphomotricité produisent des textes de moins bonne qualité ou rencontrent des difficultés en orthographe. Au primaire, plusieurs études ont montré que la vitesse d’écriture impacte, plus que la seule qualité du tracé, la capacité des élèves à produire des textes. De plus, les enfants qui rencontrent des difficultés à écrire les lettres sont aussi ceux qui les reconnaissent le moins bien à la lecture.

L’apprentissage du geste ne s’arrête pas aux premières années. Des études ont, en effet, montré qu’un niveau suffisant d’automatisation du geste graphique n’est atteint que vers l’âge de dix ans, et que les performances graphomotrices continuent de se développer encore à l’adolescence. »

Une langue bien complexe à écrire ! 

Le français, tout comme l’anglais, est qualifié d’« opaque »4 par les chercheurs, ce qui rend l’apprentissage de l’écrit plus complexe. Par contraste, l’italien et le finnois se rapprochent d’un système orthographique « idéal », où à chaque lettre correspond un seul son (phonème). L’image ci-dessous révèle bien la difficulté (ou la richesse ? question de point de vue) de notre langue ! 

Conclusion 

L’apprentissage de l’écriture nourrit celui de la lecture et réciproquement. Apprendre à écrire et à lire nécessite d’être mené conjointement et la compréhension (donner du sens) y est essentielle. Par ailleurs, le geste d’écriture doit pouvoir être libéré pour se concentrer sur le reste : le sens (justement), l’orthographe, le codage de présentation… D’autant que, pour notre langue, ce « codage » orthographique n’est pas des plus simples : verre vert ver ou vers ?


1 https://www.ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/45-liaison-lecture-ecriture-la-quadrature-du-cercle
2 Daniele Dumont 
3 http://ife.ens-lyon.fr/ife/recherche/lire-ecrire/rapport/synthese-du-rapport-lire-et-ecrire
4 http://www.cnesco.fr/fr/ecrire-et-rediger/apprentissage-de-lecrit/

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