La poésie, des paroles plaisantes au cœur et à l'oreille

Il n’est pas un mois sans qu’on la mette à l’emploi du temps de la classe quand on est enseignant du primaire ou, quand on est parent, sans qu’on entende une petite voix nous dire « Maman, Papa, j’ai une poésie à apprendre / à réciter / à dessiner ». On la lit de moins en moins, on n’ose l’écrire par manque de confiance en nous. Qui est-elle ? Les mots, parfois rimés mais pas toujours rythmés, s’envolent et virevoltent. Les Peuls du Sénégal - disait Léopold Sédar Senghor - définissent ainsi la poésie : « (...) des paroles plaisantes au cœur et à l’oreille. En Afrique, la poésie est l’art le plus complet. C’est le langage le plus expressif  qui passe par les sens pour aller jusqu’à l’âme ». Voyage en poésie avec l’Atelier STABILO. 

Des rimes et des sons

Le Larousse définit ainsi la poésie « Art d'évoquer et de suggérer les sensations, les impressions, les émotions les plus vives par l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, en particulier par les vers ». 

Elle a longtemps été très normée : 

• Avec des « pieds », la fameuse unité rythmique de la poésie que longtemps les poètes se sont attachés à respecter. Ainsi, l’alexandrin en compte 12 exactement.
• Avec la strophe, qui définit le nombre de vers, limités, avec une disposition fixe de rimes (voir ci-dessous).
• Avec les rimes, cet écho sonore qui ponctue la fin du vers. La règle laissait aux poètes la possibilité de les disposer en rimes plates ou suivies (AABB), en rimes croisées (ABAB), en rimes embrassées (ABBA).

Vers le milieu du 19^ème siècle, les poètes se sont affranchis de ces règles et ont créé leurs propres normes. La poésie devint libre tout en restant poétique ! Dans le langage ordinaire, les sons ne comptent pas, c’est leur sens qui est important. Dans la poésie, les poètes travaillent les sonorités et utilisent aussi des comparaisons, des métaphores, des jeux de mots pour créer du sens et une musique des mots. De Hugo à Aragon, de Charles Trenet à Grand Corps Malade, en passant par Big Flo & Oli, la poésie se renouvelle sans cesse. Et si, vous aussi, vous preniez vos crayons STABILO pour laisser les mots vous porter ? 

« Une certaine musique, un mouvement, une respiration »

On recherche - dans l’écriture de la poésie - des effets de sons qui peuvent créer des effets de sens et le vocabulaire qui le définit nous rappelle, à tous, les grandes heures de notre bac de français. Allitération (répétition du même son consonne) ou assonance (répétition du son voyelle) mettent en musique les mots avant même qu’on ne les mette en musique si l’envie nous vient d’écrire de la poésie qui se chante ! On peut aussi la slamer ou la rapper ou juste la réciter à voix haute ou dans la tête et le cœur. On peut aussi juste la garder pour soi. Ça peut être 5 mots sur une feuille. Mais avant de pouvoir faire tout ça, il faut l’écrire. Avec la main, c’est mieux. Gribouiller, rater, recommencer : la création est quand même plus poétique sans clavier que diable ! Et libérée, elle est un enchantement. 

Des lettres en image

Parfois les mots se font dessin. Les vers dessinent un calligramme, les plus célèbres d’entre eux sont ceux d’Apollinaire ou de Cocteau mais tout le monde peut faire glisser son STABILO point 88 pour les créer : c’est même une activité adorée des enfants ! Joël Guenoun - graphiste de génie - sait, lui, créer des images poétiques avec quelques lettres. Poésie ou pas poésie ? 

Rendre les choses jolies

« Pour moi, la poésie c’est peut-être le fait de nous décrire, de décrire notre vie, notre quotidien mais comme si on le décalait un petit peu en le mettant en mot avec un ordre de mot qui change de ce qu’on fait d’habitude. On essaye de rendre jolies des choses qui pourtant nous sont très proches et très communes » (Grand Corps Malade, 2015)

Le corps humain est un royaume où chaque organe veut être le roi
Y'a le coeur, la tête les couilles, ça vous le savez déjà
Mais les autres parties du corps ont aussi leur mot à dire
Chacun veut prendre le pouvoir et le pire est à venir
Il y a bien sûr la bouche qui a souvent une grande gueule
Elle pense être la plus farouche
Mais se met souvent le doigt dans l'œil

Grand Corps Malade

Décidemment, on en revient à la définition des Peuls du Sénégal, la meilleure à nos yeux : de 7 à 97 ans, la poésie est accessible à tous. Et depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos rappeurs d’aujourd’hui, on trouve des idées d’écriture le plus facilement du monde. Quant à l’inspiration... C’est ce qui est merveilleux dans la poésie c’est qu’elle peut porter sur des petites choses très proches et communes comme le temps...

Saurez-vous retrouver qui a écrit ?

(Pssst, les réponses sont à la fin de l'article...)

1.

Y'en a tant qui tuent le temps 
Tant et tant qui le perdent ou le passent
Tant qui se mentent inventant les rêves
En des instants de grâce 

2.

Le temps emporte sur son aile
Et le printemps et l’hirondelle,
Et la vie et les jours perdus ;
Tout s’en va comme la fumée,

3.

On le voit
Souvent soulager les chagrins
Sur les joues des copains
Faire s'envoler les absents
Lui qui passe
Qui nous regarde dans la glace
Lentement nous efface
Et change la voix des enfants

Quelques petits conseils pour vous lancer sans complexe !

• Avant de vous lancer, reprenez le petit carnet dans lequel vous avez noté toutes vos idées ou commencez-en un pour être prêt(e) le jour J.
• Il n’y a pas de mauvais thèmes ou de mauvaises idées : faites confiance à votre imagination, à vos sentiments...
• Commencez à poser quelques mots ou phrases sur papier pour choisir le genre : rimes, vers, prose, strophe... Il y en a certainement un avec lequel vous serez plus à l’aise !
• Travaillez le choix des mots : les bons mots au bon endroit.
• Vous avez un doute ? N’hésitez pas à faire plusieurs versions : écrivez, raturez, corrigez, relisez...
• Faites lire votre ébauche ou poème à quelqu’un qui aime la poésie ou lisez-le à haute voix
• Ne doutez pas et si ce n’est pas parfait au premier essai, n’hésitez pas à recommencer : c’est en recommençant que l’on s’améliore !

À vos stylos STABILO, à vos papiers, avec ou sans rime, en alexandrin ou sans sonnet*... L’important c’est que ça sonne !

*Pièce de poésie, de quatorze vers, composée de deux quatrains et de deux tercets.

Extrait 1 : Goldman
Extrait 2 : Alfred de Musset
Extrait 3 : Paul Ecole pour Calogero