Après l’article révélant les dernières découvertes sur l’invention de l’écriture, continuons notre chemin sur les traces de nos traces ! De l’enluminure au graffiti, l’écriture manuscrite nous transporte.
Calligraphie et enluminures : l’écriture en beauté
L’écriture ne doit pas seulement être fonctionnelle. Le sens qu’elle porte doit également être exprimé avec éclat : voilà ce qu’est la calligraphie. L’art du Bel Écrire trouve ses racines dans l’Antiquité et devient, à travers le monde, un élément culturel à part entière, si bien que chaque peuple contribue à l’évolution des styles.
En ce qui concerne l’enluminure, tout a commencé lorsque les épris d'écriture ont cherché un autre support que la feuille de papyrus qui poussait exclusivement en Égypte. L’usage du parchemin, fabriqué à base de peau de ruminants (moutons ou chèvres) se répand, même si sa préparation est longue et coûteuse. Les artistes découvrent alors que ce nouveau support a l'immense avantage de respecter l'éclat des couleurs. Ils s'empressèrent de l'embellir : ce sont les débuts de l’enluminure, du latin illuminare “rendre lumineux”. Créée à la gloire de Dieu, on y voit l’utilisation abondante d’or pour refléter d’avantage la lumière. Mais lorsqu’en 1471, Gutenberg invente l’imprimerie, lettrines et enluminures déclinent. Il faut dire que le copiste avait besoin de 6 mois pour reproduire un livre de 400 pages, tandis qu’un manuscrit enluminé prenait… des années à être réalisé !
L’art de l’écriture : quand les lettres expriment visuellement le sens des mots
Depuis l’invention de l’alphabet, l’homme n’a jamais renoncé à trouver des affinités entre les sons, les lettres et le sens des affinités. C’est comme s’il avait gardé, profondément ancrée en lui, la nostalgie du pictogramme et de l’idéogramme qui furent les premières expressions de ses ambitions scripturales. Comme s’il était dans la nature profonde des mots d’incarner ce qu’ils désignent (ou le contraire !).
Guillaume Apollinaire (1880-1918) aimait tout particulièrement jouer avec les mots et les agencer graphiquement, en liaison avec le sens de ses écrits. C’est la joie du calligramme. Jean Cocteau (1889-1963) mêlait aussi avec bonheur et talent son travail d’écrivain à celui de dessinateur et de peintre. Le travail de Joël Guenoun en est lui aussi l’exemple vivant et réjouissant.
Graphe et tags : sur les murs de toutes les villes du monde
Le graffiti trouve ses origines dans l'Antiquité : le terme vient du mot latin graphium, qui désigne un stylet utilisé à Rome pour inscrire et écrire, notamment dans la cire. On différencie le graffiti de la peinture par son caractère souvent illégal, voire même clandestin, les lieux dans lesquels ils ont été dépeints (grottes, cellules, caveaux, etc.). Dénigré, illégal, le graff (et encore plus le tag qui en est la signature) n’a pas toujours le vent en poupe. Pourtant, les graffitis de la ville de Pompéi ravissent aujourd’hui les historiens !
Sur les murs de toutes les villes du monde fleurit cette nouvelle forme d'expression à la confluence du dessin et de l’écrit : le graphe. Souvent réalisés dans un contexte de tension politique, ils se sont développés durant les révolutions, les guerres (Algérie, première et seconde guerre mondiale, l’occupation, etc.) et plus tard, dans un esprit esthétique par l'utilisation de nouvelles techniques telles que la peinture aérosol, l’utilisation de pochoirs, etc. Depuis les quelques dernières décennies, une multitude d’artistes graffeurs de grand talent ont connu la célébrité grâce à leurs œuvres : Cornbread, Jean-Michel Basquiat, Blek le Rat et Banksy. Et c’est beau.
Et le clavier alors ?
Impossible de terminer notre deuxième épisode sans parler de celui qui nous a permis de réaliser cet article (on l’avoue, il n’a pas été écrit à la main). Si aujourd’hui, les auteurs qui écrivent un roman à la main se font rares, ils sont nombreux à crayonner leurs plan et descriptions de personnages sur un cahier ou une belle feuille blanche avant de se lancer dans le grand bain : l’ordinateur (dans lequel parfois on se noie). L’art de la belle écriture artistique est d’ailleurs à nouveau très tendance : le handlettering est partout !
Alors pour conclure, citons Roland Barthes: "Dans littérature, il y a rature. Pour moi, la solitude de l'écrivain ne se conçoit pas avec un ordinateur. Lorsqu'on ne trouve pas un mot, demander à l'ordinateur de fournir le synonyme me paraît le contraire de la démarche créatrice. Au contraire écrire, c'est se promener en essayant d'attraper au vol le mot convoité".
Bonne promenade !