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Écrire ou la mémoire du geste

15. June 2015

Le stylo n’a pas dit son dernier mot

Depuis l’invention de l’écriture en Mésopotamie, il y 4 000 ans, l’humanité a vécu bien des révolutions technologiques pour laisser sa trace. Des tablettes sumériennes à l’alphabet phénicien du 1er millénaire avant JC, de l’invention du papier en Chine en passant par le lancement des stylos ergonomiques droitier – gaucher de STABILO, les outils et les supports de l’écriture n’ont cessé de changer. A première vue, la bataille entre le clavier et le stylo pourrait donc apparaître comme une nouvelle évolution de la longue histoire de l’écriture. De nombreuses études prouvent que non.


Des schémas cognitifs très différents 

Les experts de l’écriture sont formels : le stylo et le clavier font appel à des schémas cognitifs très différents. « L’écriture manuelle est un geste complexe qui mobilise à la fois des capacités sensorielles – je sens le stylo et la feuille –, motrices – j’utilise mes doigts – et cognitives – je dirige le mouvement par la pensée, souligne Edouard Gentaz, directeur de recherche au CNRS et professeur de psychologie du développement à l’université de Genève. Les enfants mettent d’ailleurs plusieurs années à maîtriser cet exercice de motricité fine : il faut arriver à tenir fermement l’outil scripteur tout en le déplaçant pour laisser une trace différente pour chaque lettre. »

Avec le clavier, l’enfant ne travaille pas de tout de la même façon. Il ne s’agit plus de dessiner une lettre en faisant appel à sa mémoire visuelle et à son habilité manuelle, mais de repérer une touche et de la frapper . Le geste est facile – les enfants l’acquièrent d’ailleurs très rapidement – mais surtout, il est le même, quelle que soit la lettre : pour écrire un A ou un T, le mouvement de la main est identique. « C’est un changement important, résume le chef du service de psychiatrie pour adultes de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), Roland Jouvent. L’écriture manuscrite est inscrite dans un mouvement singulier du corps, l’écriture au clavier ne l’est pas. »

La mémoire du geste 

Certains spécialistes des neurosciences vont encore plus loin : ils estiment que l’abandon de l’écriture manuscrite aura des conséquences sur l’apprentissage de la lecture. « Le tracé des lettres à la main améliore sensiblement la reconnaissance des lettres, explique Edouard Gentaz. Marieke Longchamp et Jean-Luc Velay, deux chercheurs du laboratoire de neurosciences cognitives du CNRS et de l’université Aix-Marseille, ont mené une étude auprès de 76 enfants âgés de 3 à 5 ans : le groupe qui avait appris à dessiner les lettres à la main les reconnaissait mieux que le groupe qui les avait apprises en tapant sur un clavier. Il est donc important de maintenir l’apprentissage de l’écriture manuelle. Elle est utile à la mémorisation de l’alphabet car elle permet d’associer la forme d’une lettre avec le mouvement de la main. Après, le clavier a ses atouts également… la preuve avec cet article que nous sommes heureux de partager avec vous !

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